18/07/2025
Porté par la voix off d’une petite fille, ce voyage intérieur explore avec une justesse bouleversante le tumulte des émotions.
Joie, peur, colère, tristesse, émerveillement : tout est là, exprimé avec grâce, sans jamais sombrer dans le didactique ou le convenu.
Au contraire, le spectacle parle aux cœurs et aux sens, sans détour ni artifice.
Les projections lumineuses, les peintures soyeuses, les jeux d’ombres et de lumières construisent un univers visuel d’une rare finesse. Le ciel s’invite sur les murs, la mer s’étire dans un souffle, la pluie murmure, la peur du loup surgit d’un coin d’imaginaire...
Et puis, il y a ces exclamations drôles, inattendues, qui font éclore les sourires. Tout rebondit, tout respire, tout vit – sous les yeux émerveillés des enfants et sous le regard attendri de leurs parents.
Et que dire de l’explosion finale des couleurs ? Un arc-en-ciel d’émotions, une apothéose sensorielle qui vient conclure ce moment suspendu avec une intensité lumineuse. On sort de "Dedans moi" un peu sonné, le cœur gonflé, comme après avoir reçu une caresse ou un secret précieux.
Un spectacle rare, où l'on touche du doigt la poésie pure.
Un petit bijou de sensibilité, un instant de grâce qui réconcilie avec le monde – et avec soi-même.
Michelle invitée des 2 M & Co
18/07/2025
Ce qui frappe, au-delà de la sincérité du texte, c’est la complicité entre les deux artistes. La musique, présente tout au long du spectacle, ne se contente pas d’accompagner : elle dialogue avec les mots, les soutient, les prolonge. Un regard, une respiration, une note – tout est écoute.
Autre force du spectacle : les vidéos d’archives projetées en fond de scène. Entre films familiaux et actualités d’époque, elles donnent chair à l’histoire et inscrivent l’intime dans une mémoire collective, coloniale et postcoloniale.
La mise en scène sobre et délicate de Gad Bensalem laisse toute la place à l’émotion.
On ressort ému, touché, apaisé. Un spectacle humble, juste, profondément humain.
Pascal les 2M&Co
17/07/2025
Le titre donne le ton : ici, pas de jargon universitaire ni de théorie sur la prison, la réinsertion ou la fonction savante du regard. Juste une femme qui entre en détention avec des reproductions de tableaux sous le bras, pour animer des ateliers d’écriture. Et ce sont les voix des détenu·es qui prennent le relais : leurs réflexions, leurs émotions, leurs souvenirs déclenchés par un Van Gogh, un Hopper ou un Basquiat.
Caussimon, seule sur scène, nous restitue ces fragments de pensée avec une douceur désarmante. Elle incarne, sans forcer, ceux qui souvent n’ont jamais pris la parole en public. Il ne s’agit pas de jouer à leur place, mais de porter leur voix. Et ça bouleverse.
Le dispositif est simple : des images projetées, une comédienne, et les mots récoltés. Mais la magie opère. Parce qu’il y a dans ces textes une fulgurance inattendue. Un détenu voit dans un tableau un souvenir de jeunesse volé. Un autre invente une histoire d’amour à partir d’un détail. Ce qu’ils perçoivent des œuvres est profondément singulier — parfois drôle, parfois tragique. Mais toujours profondément humain.
Ce regard décalé, éloigné des codes muséaux et des interprétations savantes, redonne au geste artistique toute sa vitalité première : celle de créer du lien, d’éveiller une émotion, de provoquer une pensée.
On pourrait reprocher au spectacle son absence de dramaturgie classique. Pas d’intrigue, pas de montée dramatique, peu de ruptures rythmiques. C’est vrai. Mais ce serait passer à côté de l’essentiel : Je n’ai pas lu Foucault est une écoute mise en scène. Une tentative délicate de faire place à des voix qu’on n’entend jamais, sans les trahir.
Il y a quelque chose de profondément apaisant dans ce refus du spectaculaire. Le théâtre ici ne cherche pas à « faire », mais à transmettre. Et ça, c’est rare.
Si vous êtes curieux·se d’un théâtre de l’intime, d’une forme douce et dépouillée qui interroge notre manière de regarder les autres et les œuvres, Je n’ai pas lu Foucault est un petit bijou d’humanité à découvrir.
Pascal les 2M&Co
16/07/2025
L’ idée de la pièce est d’une fabuleuse originalité : percevoir un homme, ses difficultés, ses sentiments et ses émotions à travers le fonctionnement de ses organes.
Le décor est d’une grande simplicité, ce qui met le jeu du comédien sans arrêt en pleine « lumière » William RAGEAU a une prodigieuse présence sur scène. Il joue avec son public, il l’entraîne dans ses pérégrinations corporelles. Il passe de l’humour, de l’ironie à l’émotion, à la gravité avec justesse et finesse. Quelques longueurs malgré un seul en scène drôle et touchant où il se raconte .
Allez y, plongez dans un corps humain où les organes sont les personnages !!
On nous parle d’amitié, de résilience et d’amour avec humour.
Une belle leçon de vie !!
« A cœur vaillant, rien d’impossible «
Mireille- Les2M & Co
16/07/2025
Dès les premières minutes, le ton est donné avec une adaptation musicale du Pont Mirabeau de Guillaume Apollinaire. Cette ouverture, aussi inattendue que réussie, est une véritable étude pertinente et lumineuse du poème, qui fait entrer le spectateur en douceur dans l’univers à la fois érudit et léger du spectacle. Joubert parvient à conjuguer avec brio la poésie et la composition contemporaine, avec une inventivité joyeuse.
Ce qui frappe, c’est cette capacité rare à mêler finesse, humour et émotion, sans jamais tomber dans le didactisme pesant. Le spectacle s’adresse à tous les publics avec une bonhommie désarmante. On rit, on s’émeut, on apprend… et surtout, on participe, dans le sens le plus ludique du terme : celui d’un public qui joue le jeu et qui s' implique de bonne grâce dans l’aventure de la création.
Julien Joubert, en véritable passeur de musique, nous guide avec bienveillance et malice à travers les chemins de la composition. Il partage ses astuces, ses élans, ses doutes parfois, mais toujours avec cette joie communicative qui transforme chaque instant en plaisir partagé. Sa complicité avec le public est palpable, et la scène devient un espace d’expérimentation libre, joyeux et inspiré.
Au final, "Tout le monde écrit des chansons" est bien plus qu’un spectacle : c’est un moment de créativité, de poésie et de musique vivante. On en ressort le cœur léger, l’esprit inspiré… et avec, pourquoi pas, l’envie d’écrire à son tour sa propre chanson.
Un spectacle réjouissant, fin et profondément généreux, à ne pas manquer.
Michelle et Pascal les 2M&Co
12/07/2025
Al incarne Alceste avec rigueur classique, tandis que Célie enchaîne tous les autres rôles avec inventivité et énergie.
Un dispositif vif, ludique et remarquablement ingénieux.
Rigueur et fantaisie : alexandrins respectés, saynètes contemporaines réjouissantes.
Un spectacle qui réinvente les classiques, brise les murs entre passé et présent, et célèbre la passion du jeu.
Le spectacle établit des parallèles entre les situations de la pièce et celles du monde contemporain, notamment en explorant la jalousie et le désir de possession d’Alceste, qui font écho aux questionnements actuels autour du couple, du respect de l’autre et de la liberté individuelle.
Pascal - les 2M & Co
12/07/2025
Un cri incandescent d’amour, de poésie et de révolte!
Construit avec une remarquable fidélité à la langue des deux poètes – leurs poèmes, lettres, textes, mais aussi des documents d’archives rares – le spectacle nous plonge dans la chair vive de cette passion aussi féconde qu’auto-destructrice et, en parallèle celle de Paul et Mathilde ,tout aussi ravageuse. Une langue superbe, ciselée, incandescente, qui donne à entendre toute la modernité de ces voix du XIXe siècle, toujours aussi bouleversantes et dérangeantes aujourd’hui.
Mais la pièce va bien au-delà de la simple évocation biographique. Elle nous ancre dans un contexte historique brûlant, celui de la Commune de Paris, un an auparavant dont les idéaux, les luttes, les violences et les espoirs résonnent étrangement avec notre époque. On y parle déjà de précarité, de marginalisation, d’homophobie, de violences faites aux femmes, de luttes féministes et sociales. Tout ce que le XIXe a semé et que notre XXIe continue de récolter.
Sur scène, quatre comédien·nes habité·es, entièrement livré-es à leurs personnages, s’engagent corps et âme. Leur jeu à la fois sensible et charnel, est d’une rare sensualité, tout en tension, en souffle, en violence parfois, mais toujours dans une justesse bouleversante. Ils font vibrer la complexité des émotions, la tendresse brute, le désir à vif, la cruauté aussi. Verlaine s’y dévoile dans toute sa dualité : amoureux éperdu et homme violent, mari tendre devenu destructeur. Le contraste entre les "Illuminations" des premiers émois et la descente passionnelle vers "Une saison en enfer" est saisissant.
On sort de "Rimbaud- Verlaine : Violences" à la fois sous le charme et sous le choc. C’est un théâtre de la brûlure, du souffle, du verbe et du corps. Un théâtre qui dit l’amour dans ce qu’il a de plus beau et de plus ravageur. Un moment rare, essentiel, qui fait entendre la poésie comme une urgence et le théâtre comme un lieu de vérité.
Michelle invitée - Les 2M & Co
11/07/2025
Un théâtre du non-dit, profondément humain.
Ici, pas de grands effets de manche ni de morale plaquée. Gabrielle Gay signe un texte d’une rare justesse, où chaque silence dit plus que mille cris. Les jeunes personnages sont cabossés par la vie, enfermés dans des blessures qu’ils peinent à formuler. Et pourtant, à mesure que la pièce avance, ils s’ouvrent, s’expriment, dansent, jouent… et trouvent une manière d’exister autrement que dans la douleur.
La scène devient alors un espace de réparation. Grâce à Nathäelle, une éducatrice qui croit en eux envers et contre tout, ils osent peu à peu rompre le silence. La parole se fraie un chemin , maladroite, heurtée, mais essentielle. On assiste à une renaissance collective, où le théâtre devient un acte de résistance et d’amour.
Une mise en scène vivante et sensorielle
Ce qui frappe aussi, c’est la richesse du langage scénique. Le texte se mêle au corps, au mouvement, au son. Il y a des passages dansés, des jeux d’eau, des regards qui en disent long. Tout est pensé pour nous faire ressentir de l’intérieur ce que vivent ces adolescents : leur colère, leur solitude, leur humour aussi. Car malgré la gravité du sujet, "Écoutez leur silence" n’est jamais plombant. On rit, on sourit, on est ému – parfois tout cela en même temps.
La troupe, composée de comédiens jeunes et puissants, livre une performance d’une grande sincérité. Aucun rôle n’est surjoué. Chacun semble porter son personnage comme une seconde peau, avec une vérité désarmante.
Une expérience à ne pas manquer.
L’émotion y est palpable, presque suspendue. On ressort de la salle un peu sonné, mais profondément touché.
"Écoutez leur silence" ne donne pas de leçon. Elle tend l’oreille. Elle nous apprend à écouter ce qui ne se dit pas, à regarder autrement ceux qu’on ne voit plus. Et c’est peut-être là, dans cette écoute partagée, que réside sa plus belle force.
Si vous pensez, vous aussi, que le silence a quelque chose à dire, courez-y et tendez l'oreille.
Pascal les 2M&Co
11/07/2025
Sur scène, six comédiens – trois femmes, trois hommes – incarnent une multitude de personnages avec une virtuosité éblouissante. Ils nous plongent dans le Londres trouble de 1888, au cœur d’une maison close où résident celles que l’Histoire a volontairement laissées dans l’ombre. C’est depuis ce lieu marginalisé ,en parallèle avec Scotland Yard que l’enquête est racontée, révélant la violence sociale et le mépris glaçant que subissent ces femmes, dont la mort importe peu aux yeux d’une société patriarcale.
La mise en scène, d’une inventivité remarquable, déploie un rythme effréné, soutenu par des costumes habilement pensés, des décors escamotables d’une efficacité redoutable et une atmosphère angoissante parfaitement maîtrisée. Chaque tableau, chaque transition, témoigne d’une énergie collective impressionnante, où le théâtre devient chorégraphie, narration et émotion.
On ressort de ce spectacle à la fois ému, électrisé et admiratif du travail accompli. "Demain, tout le monde aura oublié" est un véritable bijou théâtral, qui mêle intelligence, engagement et plaisir scénique. À ne surtout pas oublier ni demain, ni plus tard !
Pascal - Les 2M & Co