11/07/2025
Al incarne Alceste avec rigueur classique, tandis que Célie enchaîne tous les autres rôles avec inventivité et énergie.
Un dispositif vif, ludique et remarquablement ingénieux.
Rigueur et fantaisie : alexandrins respectés, saynètes contemporaines réjouissantes.
Un spectacle qui réinvente les classiques, brise les murs entre passé et présent, et célèbre la passion du jeu.
Le spectacle établit des parallèles entre les situations de la pièce et celles du monde contemporain, notamment en explorant la jalousie et le désir de possession d’Alceste, qui font écho aux questionnements actuels autour du couple, du respect de l’autre et de la liberté individuelle.
Pascal - les 2M & Co
11/07/2025
Un cri incandescent d’amour, de poésie et de révolte!
Construit avec une remarquable fidélité à la langue des deux poètes – leurs poèmes, lettres, textes, mais aussi des documents d’archives rares – le spectacle nous plonge dans la chair vive de cette passion aussi féconde qu’auto-destructrice et, en parallèle celle de Paul et Mathilde ,tout aussi ravageuse. Une langue superbe, ciselée, incandescente, qui donne à entendre toute la modernité de ces voix du XIXe siècle, toujours aussi bouleversantes et dérangeantes aujourd’hui.
Mais la pièce va bien au-delà de la simple évocation biographique. Elle nous ancre dans un contexte historique brûlant, celui de la Commune de Paris, un an auparavant dont les idéaux, les luttes, les violences et les espoirs résonnent étrangement avec notre époque. On y parle déjà de précarité, de marginalisation, d’homophobie, de violences faites aux femmes, de luttes féministes et sociales. Tout ce que le XIXe a semé et que notre XXIe continue de récolter.
Sur scène, quatre comédien·nes habité·es, entièrement livré-es à leurs personnages, s’engagent corps et âme. Leur jeu à la fois sensible et charnel, est d’une rare sensualité, tout en tension, en souffle, en violence parfois, mais toujours dans une justesse bouleversante. Ils font vibrer la complexité des émotions, la tendresse brute, le désir à vif, la cruauté aussi. Verlaine s’y dévoile dans toute sa dualité : amoureux éperdu et homme violent, mari tendre devenu destructeur. Le contraste entre les "Illuminations" des premiers émois et la descente passionnelle vers "Une saison en enfer" est saisissant.
On sort de "Rimbaud- Verlaine : Violences" à la fois sous le charme et sous le choc. C’est un théâtre de la brûlure, du souffle, du verbe et du corps. Un théâtre qui dit l’amour dans ce qu’il a de plus beau et de plus ravageur. Un moment rare, essentiel, qui fait entendre la poésie comme une urgence et le théâtre comme un lieu de vérité.
Michelle invitée - Les 2M & Co
10/07/2025
Un théâtre du non-dit, profondément humain.
Ici, pas de grands effets de manche ni de morale plaquée. Gabrielle Gay signe un texte d’une rare justesse, où chaque silence dit plus que mille cris. Les jeunes personnages sont cabossés par la vie, enfermés dans des blessures qu’ils peinent à formuler. Et pourtant, à mesure que la pièce avance, ils s’ouvrent, s’expriment, dansent, jouent… et trouvent une manière d’exister autrement que dans la douleur.
La scène devient alors un espace de réparation. Grâce à Nathäelle, une éducatrice qui croit en eux envers et contre tout, ils osent peu à peu rompre le silence. La parole se fraie un chemin , maladroite, heurtée, mais essentielle. On assiste à une renaissance collective, où le théâtre devient un acte de résistance et d’amour.
Une mise en scène vivante et sensorielle
Ce qui frappe aussi, c’est la richesse du langage scénique. Le texte se mêle au corps, au mouvement, au son. Il y a des passages dansés, des jeux d’eau, des regards qui en disent long. Tout est pensé pour nous faire ressentir de l’intérieur ce que vivent ces adolescents : leur colère, leur solitude, leur humour aussi. Car malgré la gravité du sujet, "Écoutez leur silence" n’est jamais plombant. On rit, on sourit, on est ému – parfois tout cela en même temps.
La troupe, composée de comédiens jeunes et puissants, livre une performance d’une grande sincérité. Aucun rôle n’est surjoué. Chacun semble porter son personnage comme une seconde peau, avec une vérité désarmante.
Une expérience à ne pas manquer.
L’émotion y est palpable, presque suspendue. On ressort de la salle un peu sonné, mais profondément touché.
"Écoutez leur silence" ne donne pas de leçon. Elle tend l’oreille. Elle nous apprend à écouter ce qui ne se dit pas, à regarder autrement ceux qu’on ne voit plus. Et c’est peut-être là, dans cette écoute partagée, que réside sa plus belle force.
Si vous pensez, vous aussi, que le silence a quelque chose à dire, courez-y et tendez l'oreille.
Pascal les 2M&Co
10/07/2025
Sur scène, six comédiens – trois femmes, trois hommes – incarnent une multitude de personnages avec une virtuosité éblouissante. Ils nous plongent dans le Londres trouble de 1888, au cœur d’une maison close où résident celles que l’Histoire a volontairement laissées dans l’ombre. C’est depuis ce lieu marginalisé ,en parallèle avec Scotland Yard que l’enquête est racontée, révélant la violence sociale et le mépris glaçant que subissent ces femmes, dont la mort importe peu aux yeux d’une société patriarcale.
La mise en scène, d’une inventivité remarquable, déploie un rythme effréné, soutenu par des costumes habilement pensés, des décors escamotables d’une efficacité redoutable et une atmosphère angoissante parfaitement maîtrisée. Chaque tableau, chaque transition, témoigne d’une énergie collective impressionnante, où le théâtre devient chorégraphie, narration et émotion.
On ressort de ce spectacle à la fois ému, électrisé et admiratif du travail accompli. "Demain, tout le monde aura oublié" est un véritable bijou théâtral, qui mêle intelligence, engagement et plaisir scénique. À ne surtout pas oublier ni demain, ni plus tard !
Pascal - Les 2M & Co
07/07/2025
Dans le cadre intimiste du Théâtre du Tremplin, la compagnie propose une version sobre et efficace de Georges Dandin de Molière. Sans chercher à révolutionner le texte, la mise en scène respecte l'esprit original tout en insufflant un certain dynamisme à cette farce cruelle sur le mariage et les rapports sociaux.
La mise en scène va à l’essentiel. Les choix esthétiques restent simples, parfois minimalistes, mais la lisibilité du propos en sort renforcée. Le metteur en scène s’appuie sur le rythme du texte pour maintenir l'attention, sans effets superflus. Quelques touches contemporaines viennent ponctuer l’ensemble avec légèreté, sans tomber dans l’anachronisme gratuit.
Le comédien incarnant Georges Dandin livre une prestation juste, à la fois pathétique et ironique, qui parvient à faire exister ce personnage tiraillé entre ridicule et douleur. Angélique, pleine de charme, sait jouer son rôle entre innocence et duplicité, apportant une tension dramatique savoureuse. Le reste de la distribution soutient efficacement l’ensemble.
Pascal les 2M & Co
07/07/2025
L'Art d'avoir toujours raison" : une conférence aussi brillante que jubilatoire.
Avec "L'Art d’avoir toujours raison", le théâtre s’offre un petit bijou d’intelligence, d’humour et de finesse dialectique. Un spectacle intelligent, drôle, et salutairement impertinent, qui nous rappelle qu’en matière de débats… la forme compte parfois plus que le fond.
L'Art d'avoir toujours raison n’est pas seulement une comédie : c’est un acte théâtral politique brillant, servi par deux comédiens aussi déjantés que brillants.
Une pièce subtilement drôle, captivante et profondément pertinente. Idéale pour tous ceux qui aiment rire tout en aiguisant leur regard critique. Le public, tour à tour complice, juge ou victime de ces joutes verbales, ressort conquis, à la fois amusé et intrigué par la mécanique subtile du discours.
Dans ce faux séminaire orchestré avec un humour mordant, deux conférenciers autoproclamés experts en stratégie verbale dévoilent au public les clés pour… gagner tous les débats. Le ton est décalé, la mise en scène rythmée, et les comédiens – Adeline Benamara et Sébastien Valignat – excellent dans l’art de transformer la rhétorique en terrain de jeu comique.
Inspirée de Schopenhauer mais résolument contemporaine, la pièce démonte les techniques de manipulation du langage avec une efficacité redoutable : storytelling, inversion du doute, récits émotionnels, langage creux… tout y passe. Le spectateur rit, souvent jaune, face à une satire politique fine et percutante, d’autant plus savoureuse dans le contexte du Festival d’Avignon.
Sous ses airs légers, "L’Art d’avoir toujours raison" interroge en profondeur notre rapport au discours public, à la vérité, et à la démocratie. Un spectacle aussi accessible qu’intelligent, qui séduit autant par son humour que par la lucidité du propos.
Pascal les 2M & Co
30/06/2025
Les marionnettes sont minimalistes et de simples objets les définissent, ce qui laisse toute la place à l’imaginaire des enfants.
La mise en scène d’ Anthony DIAZ faîte de cubes dessinés et déplacés au fur et à mesure dévoile avec poésie un nouveau lieu de jeu. D’autres jolies créations scéniques que nous vous laissons découvrir sont délicieuses de poésie.
Les marionnettistes Anastasia PUPPIS et Vincent VARENE bien que visibles sur scène disparaissent très vite car leur jeu-manipulation nous subjuguent avec finesse et délicatesse par l’histoire de vie des personnages.
La poésie, la douceur et l’amour mais aussi un tendre humour définissent à merveille ce spectacle. Comment la tendresse et l’amour d’un père peut aider un enfant à surmonter les difficultés rencontrées. Le pouvoir de l’imaginaire source de créativité peut permettre à chaque monde de communiquer avec l’autre. L’approche de l’école avec les enfants présentant des problèmes cognitifs ne pourrait-elle pas se situer dans la reconnaissance de l’imaginaire des enfants? Le sens profond de ce spectacle est de montrer avec tendresse et poésie que « l’imaginaire peut devenir un atout si on sait l’apprivoiser avec beaucoup d’écoute et d’ouverture » La différence peut-elle devenir une force…
Un véritable petit bijou à recommander aussi bien aux enfants qu’à leur parent mais aussi à tout adulte.
Allez-y et régalez-vous !
Mireille Les2M&Co
23/06/2025
...La surprise passée, ils « jouent au chat et à la souris » : se cherchent, résistent, mentent, chancèlent…et se retrouvent …le temps d’une nuit.
A nouveau un an après cette nuit-là, c’est Hugo qui frappe à la porte d’Alice...
Le jeu des comédiens tout en nuances nous promène de l’un à l’autre, nous adhérons aussi bien à la personnalité d’Alice qu’à celle d’Hugo à leur amour sincère, aux rebondissements, à leurs incompréhensions, mais aussi à leurs joies.
Tout cela nous parle et nous comprenons bien que leur amour est fondé aussi sur leur différence entre la quête de l’amour absolu pour Alice et la difficulté pour Hugo de s’engager.
Pourtant leur amour est là, nous n’en doutons pas un instant. La tonalité du texte en est une preuve : délicatesse et respect animent leurs échanges, leur jeu de séduction, leurs désaccords, leurs colères, leurs espoirs…Toutes les émotions sont là et nous les vivons avec eux.
Très belle mise en scène et l'atelier Florentin ajoute une note supplémentaire d'intimité qui convient parfaitement aussi en tant que spectateurs.
L’amour- le vrai - ne meurt pas. Ce sont les relations qui prennent fin. Qu'en pensez vous ?
Marie - Les 2M & Co
02/06/2025
Jean-Jacques VANIER est l’auteur, l’interprète et le metteur en scène de ce spectacle. 75 minutes d’éclat, de splendeur et de rire, un délire littéraire génial. 7 tomes, 4 mille pages, 143 mille lignes de « Ma mère ne venait pas m’embrasser dans mon lit quand j’étais petit.» Petit, j’avais eu à copier mille fois:«Je ne dois pas souffler le vent pour soulever les jupes des filles dans la cour de récréation.
«Que le grand Proust me croque, ça aussi c'est beaucoup de lignes et de temps perdu.» Jean-Jacques VANIER réussit la prouesse de nous faire mourir de rire avec du Marcel Proust...et ce, avec jubilation et un faux vrai naturel incroyable auquel s’ajoute un texte écrit au cordeau!
Venez découvrir son humour décalé, ses digressions, son art du comique de répétition mais aussi la classe avec laquelle il nous dit des passages de”La Recherche” où le génie proustien s’impose.
C'est un hymne très original à la littérature française et à ses belles lettres. A la fin du spectacle, ceux qui n’ont pas lu Proust ont envie de le lire... Ceux qui n’ont pas réussi vont retenter... Ceux qui l’ont lu le redécouvrent avec bonheur.
Pascale Les2M & Co