21/07/2025
Une mise en scène sobre au service du texte
Autour d’un cercle rouge au sol, espace symbolique et sacré, les jeunes comédiens donnent corps à l’œuvre bouleversante de Wajdi Mouawad.
Sans décor inutile, sans surjeu, ils laissent parler les mots – et ces mots, terribles, puissants, poétiques, tombent dans un silence religieux.
Le public, littéralement figé, épouse chaque mot, chaque silence, chaque souffle.
Un public conquis, suspendu au fil narratif
Rarement aura-t-on vu une salle aussi attentive, presque immobile, suspendue aux révélations qui tissent l’histoire de Nawal et de ses enfants. À mesure que le récit progresse, dévoilant la violence d’un passé enfoui, on entend presque les respirations se caler au rythme du texte.
Le silence qui précède les applaudissements n’est pas un vide : c’est un hommage. Une révérence. Comme si chacun avait besoin d’un moment pour revenir à lui-même.
Un collectif à la hauteur d’un texte vertigineux.
Les comédiens font preuve d’une écoute mutuelle remarquable. Leur concentration, leur engagement, leur sincérité sont tels que le public ne peut que suivre, en confiance, cette descente au cœur de l’indicible. Le cercle devient lieu de mémoire, d’interrogation, de douleur, de transmission mais aussi de résilience. Chaque entrée dans l’espace central devient un acte fort, un moment suspendu.
Le théâtre, c’est aussi cela : un pacte d’écoute entre scène et salle. Ce soir-là, ce pacte fut total. La qualité d’attention du public, loin d’être passive, a contribué à la tension dramatique. Une communauté silencieuse, respectueuse, ébranlée.
Au Festival d’Avignon, où tant de spectacles se croisent, Incendies a su s’imposer par la justesse et la gravité de son propos — et par la qualité rare d’un moment vécu ensemble, dans une intensité partagée.
Merci
Pascal - les2M & Co
20/07/2025
Brisant le quatrième mur dès les premières minutes, elle s’adresse à nous avec une sincérité désarmante.
Le récit prend la forme d’une confidence, intime et pudique à la fois, d’une femme autrefois veuve, respectable et malheureuse, qui croise à Monte-Carlo un jeune homme rongé par le démon du jeu. Entre eux, une rencontre improbable, fulgurante, presque irréelle.
Elle est fascinée par ses mains, par leur fièvre, leur grâce quasi surnaturelle au-dessus du tapis vert. Lui, prêt à tout perdre, jusqu’à sa vie, s’il doit renoncer à sa passion destructrice. Elle, animée d’un désir profond — peut-être le dernier — de le sauver.
La mise en scène, sobre mais d’une intelligence visuelle originale, s’appuie sur des projections vidéos subtilement intégrées : gros plans sur le jeu des mains dansant sur le tapis, castagnettes des jetons, lueurs du casino, autant d’éléments qui enrichissent le propos sans jamais le surcharger.
Une bande sonore inventive accompagne les émotions, avec des trouvailles comme ce tambourinement des ongles sur un djembé évoquant la pluie — ou peut-être les battements d’un cœur qui s’emballe, ou du temps qui s accélère....
Les variations de rythme, les ruptures de ton, participent de cette immersion dans un univers intérieur en pleine tempête. Le jeu de l’actrice est touchant : son visage expressif, son regard habité, ses silences éloquents dessinent une femme en pleine mise à nu, oscillant entre pudeur et abandon.
24 heures est un joli moment de théâtre, sensible et sincère, porté par une comédienne investie et une mise en scène délicate. Un spectacle qui touche .
Michelle invité des 2 M & Co
20/07/2025
Le duo d’acteurs fonctionne à merveille : le rythme est soutenu, les dialogues claquent, et l’humour, souvent mordant, fait mouche.
On rit, on sourit, on reconnaît parfois ces petits chaos du quotidien qui nourrissent — ou entravent — la création artistique.
Mention spéciale au partenaire de scène, impeccable de justesse, qui équilibre avec subtilité l’énergie débordante de l’écrivaine, un peu trop appuyée par moments dans ses accès d' irascibilité.
Si la mécanique dramatique est bien huilée et l’écriture efficace, la chute de l’histoire, un brin attendue, n’enlève rien au plaisir que l’on prend tout au long de cette comédie vive et intelligente. Un joli moment de théâtre, qui sans révolutionner le genre, rappelle avec esprit que l’inspiration se cache parfois là où on ne l’attend pas.
Pascal les 2 M & Co
20/07/2025
Le décor, à la fois brut et sublime, évoque un no man’s land post-apocalyptique : carcasses de voitures rouillées, fourches tronquées, dessinent un paysage mental " de rouille et d'os", à la fois organique et métallique, où trône — ou plutôt survit — un "trône de fer" efflanqué, misérable, symbole de la vanité du pouvoir. Le lieu lui-même — la salle du Roi , ancienne chapelle du XV -ème siècle, encore dans son jus— semble avoir été conçu pour accueillir ce cauchemar shakespearien, renforçant l'impression d’être pris au piège dans les méandres psychotiques de Richard.
À un rythme haletant, scandé par une musique électro-rock puissante et obsédante, le texte retrouve une acuité politique saisissante. Manœuvres, trahisons, assassinats méthodiques : tout dans la trajectoire de Richard résonne étrangement avec les dérives du pouvoir contemporain. C’est une marche funèbre, une lente — mais de plus en plus précipitée — descente aux enfers qui s'accélère jusqu’au chaos.
Les costumes, faits de cravates cousues ensemble, sont une trouvaille visuelle remarquable. Objets du quotidien masculin, symboles de l’autorité et de la réussite sociale, ils deviennent ici tissus d’emprisonnement, nœuds coulant sur les ambitions de chacun, linceuls colorés d’une humanité corrompue.
Mais ce qui emporte tout, c’est l’interprétation. Portée par cinq comédiennes éblouissantes, la pièce devient un tour de force théâtral. Chacune navigue avec maestria entre les rôles, les genres, les registres. Leur jeu intense, parfois presque hystérique, mais toujours juste, fait ressortir la force dramatique du texte tout en y injectant l’humour grinçant, la distance ironique et le grotesque si chers à Shakespeare. Mention spéciale à Alexiane Torres : sa voix rauque, profonde, semble venir d’un autre monde. Elle incarne un Richard terrifiant, magnétique, autant qu’il est repoussant.
En sortant, une question nous hante : sommes-nous vraiment si éloignés de ces monstres que nous croyons appartenir au passé ? Le miroir tendu par Shakespeare, dans cette mise en scène audacieuse et viscérale, nous renvoie à nos propres contradictions, à la noirceur tapie sous le vernis du pouvoir.
Un chef-d’œuvre sombre, dérangeant et nécessaire.
Michelle invitée des 2 M & Co
19/07/2025
Le récit est émaillé des célèbres chansons de Cesaria EVORA 'Petit Pays' Sodade’....ainsi que Morna ,Coladeira, Funana. Magda DESRUISSEAUX incarne Cesaria, Cise, de sa voix envoûtante et joue son rôle avec finesse et une grâce chaloupée. Une réelle complicité rayonne avec les deux musiciens.
Avner CAMUS PEREZ, par son écriture pudique et tendre, rend hommage à Cesaria EVORA, à son talent immense trop longtemps ignoré.
Il retrace son enfance pauvre dans une famille de 7 enfants . On la voit débuter à 16 ans à Mindelo, répertoire traditionnel de la musique capverdienne avec son fidèle guitariste. On découvre sa timidité farouche, sa candeur sauvage, son humour, sa joie, son amour pour la scène , son parcours laborieux et ébréché d’artiste. Il lui faudra attendre bien longtemps pour connaître la renommée internationale .
Avner CAMUS PEREZ ajoute une note personnelle émouvante à la piece : « Je l’ai côtoyée pendant dix ans, bien avant qu’elle soit connue, elle a bercé mes enfants » nous confie t’il. Il lui concocte avec cette pièce un bel hommage vibrant.
Ne manquez pas ce petit bijou pour retrouver la Divine Diva, sa tendresse insulaire et vous laisser vibrer au son de sa voix.
Pascale - Les2M & Co
19/07/2025
C’est à travers le regard des enfants que l’histoire est racontée empruntant à la fois leurs mots et leurs visions du monde, oscillant entre candeur et une maturité déconcertante.
Sur le plateau trois comédiens et un musicien qui, avec une création musicale très originale, accompagne le récit.
Le propos de la pièce est de parler des relations parents -enfants dans des situations où l’adulte est fragilisé et où l’enfant devient plus protecteur que protégé.
Le personnage de ASSA à la fois actrice et narratrice nous amène à nous questionner sur le regard que porte sur nous nos enfants et quelle part de l’hérédité familiale nous leur transmettons.
Cette pièce à double lecture s’adresse à un large public .Les éléments scénographiques blancs, jusqu'aux costumes, font preuve d'une recherche esthétique originale. L’utilisation du théâtre d’ombres crée une ambiance étrange, mystérieuse et poétique à la fois.Les changements de décor s’intègrent parfaitement dans le jeu des comédiens. Ils servent les transpositions de lieux mais aussi le rôle de la grand-mère, cette femme du terroir au bon sens populaire bien ancrée dans la réalité.
C’est dans un jeu d’une intensité bouleversante que ASSA nous livre, ses doutes, ses angoisses de petite fille qui, pour nous adultes, prennent forme de questionnement existentiel.
La scène du cauchemar est particulièrement bouleversante et fait sens dans cette histoire de transmission inter générationnelle.
Les comédiens sont prodigieux, ils donnent énergie et puissance au spectacle qui reste léger, drôle et sensible à la fois
.Les apparitions de Yasmine toujours fracassantes apportent de la vivacité, celles de Diego du mystère.
L’écriture, sous la plume de CHARLES MAUDUIT, aborde aussi les grands thèmes de l’amitié, de la parole libératrice, de la personne ressource qu’on trouve sur son chemin. Un message d’espoir sur un sujet grave, pas souvent abordé, où l’intention n’est pas de donner des solutions faciles mais de laisser la porte ouverte à l’aide qui peut arriver sous forme « d’une main tendue ».
Plus qu’une semaine pour aller les voir et retenez bien le nom de cette compagnie elle est prometteuse!
Yolaine-Les 2M & Co
18/07/2025
Le spectacle commence dans la rue, la file d’attente est happée par de jeunes gens fougueux. L’ambiance est là, aussitôt, et nous voilà ainsi embarqué dans l’Histoire, dans le le Récit…
Déjà nous sommes séduit(e)s.
Pour un peu nous nous joindrions à eux !
Mais qui peut mieux que ces comédiens nous montrer leur enthousiasme, leur capacité à décliner les vers de Rostand avec autant de force, et de désir de liberté ?
Slam, rap, krump (danse de la libération), cascades apportent une modernité qui nous bouscule et provoque un regain de joie et d’intérêt tout au long de ces 2H 15qui nous tiennent en haleine.
Cyrano et ses cadets sont à la hauteur de notre vie d’aujourd’hui et nous (re)donnent « avec panache » la force de croire et de croiser ensemble l’amitié, l’amour, et cette quête de la liberté qui nous font tous vibrer quel que soit l’époque que nous vivons !
La poésie, l’humour, le jeu ne sont pas en reste et vous entendrez entre autres Ragueneau en rap décliner sa recette de « Tartelettes Amandines » Un plaisir !
La scénographie, les jeux de lumières, la musique tout est orchestré magistralement et rythme l’action de cette œuvre avec originalité, nouveauté et intelligence.
Un immense BRAVO à cette magnifique Troupe. Nous leur souhaitons beaucoup de succès, une grande Vie à ce Cyrano qui bien sûr évoluera encore et encore de ville en ville, nous l’espérons très fort pour eux.
Il restera, pour nous, un grand moment d’émotion et de bonheur inégalables de ce festival off d’Avignon 2025.
Marie - les2M & Co
Un peu d’information sur ce spectacle :
Gaspard BAUMHAUER metteur à scène a pour ambition de « nourrir un théâtre qui veut poser des questions et être en prise avec les enjeux politiques de notre mode de vie actuel. Créer hors des murs est un choix esthétique, artistique mais surtout un processus de création. Ce spectacle a dans son ADN cette volonté d’ouverture.
Gaspard est le fondateur du Collectif Chapitre Treize au sein duquel il travaille particulièrement à moderniser les œuvres du répertoire.
En 2023 en partenariat avec la ville de Sarcelles, haut lieu de la culture hip-hop, le projet de monter l’œuvre de Rostand prend vie. Ce projet sera monté avec une troupe composée aux deux tiers de jeunes artistes issus des milieux urbains, et un tiers de comédiens professionnels garants de la transmission artistique et des rôles à forte exigence dramatique. C’est aussi une porte d’entrée vers la professionnalisation pour les jeunes. S’en suivra ainsi des résidences à travers la France ….et une très belle aventure…
17/07/2025
Ici, pas besoin de mots : les gestes, les regards, les situations suffisent à tout dire. Inspirés par le mime, le burlesque et le clown, les artistes nous embarquent dans un quotidien sublimé où les petits riens de la vie deviennent des moments de comédie universelle.
Le public est emporté par une succession de tableaux drôles et touchants, où chacun peut se reconnaître.
Les comédiens font preuve d’une maîtrise impressionnante du langage non verbal, et leur synchronisation est parfaite. On sent une complicité forte entre eux, une vraie écoute, et une envie de partager un théâtre sincère et accessible à tous.
Papy Mamie est un spectacle sans paroles… mais avec énormément de choses à dire. Un moment poétique, drôle, et profondément humain, à ne surtout pas manquer pendant le festival.
Pascal les2M&Co
17/07/2025
Tous les ingrédients sont là pour faire de cette pièce une splendeur – musique live envoûtante par 3 musiciens/chanteurs sur le plateau – magnifique scénographie élégante, épurée et très esthétique -mise en scène d’exception où tout se passe sur le plateau – 8 comédiens de talent se partagent les rôles à un rythme cadencé. CLÉOPÂTRE peut alors prendre toute sa dimension ( même si elle est la comédienne la plus petite sur scène!) à la fois femme moderne, amoureuse , mère et personnalité politique d’exception, brillante et visionnaire.
Nous assistons aux scènes de la vie quotidienne, CLÉOPÂTRE baigne son enfant avec CÉSAR …. nous croisons aussi les rouages du pouvoir, les complots et découvrons l’humanité de cette femme d’exception écartelée entre ses luttes personnelles, ses doutes et sa destinée. Indépendante, rusée, sauvage,dominante et capable de manipuler des hommes puissants CÉSAR et MARC ANTOINE, la LOUVE est aussi le symbole de Rome à laquelle elle s’oppose mais sur laquelle elle règne dans le cœur de ses dirigeants.
Réservez vite cette pièce qui remporte déjà un franc succès, vous allez être émerveillés, subjugués par sa beauté, touchés par cette figure de la puissance féminine, sauvage, protectrice et dominatrice.
Un spectacle à s’offrir sans hésiter.
Pascale - Les 2M & Co