24/07/2025
Théâtre contemporain
"Enfants Fantômes" nous parlent tout bas… et nous touchent en plein cœur
Il est 10h à Avignon. Le soleil tape déjà , les rues s’éveillent au rythme effervescent du Festival Off. Pourtant, dans l’intimité du théâtre L’Incongru, c’est une toute autre chaleur qui nous enveloppe : celle des mots, du silence, de l’humanité.
La pièce Enfants Fantômes, mise en scène par Agnès Delcourt et portée par la Compagnie La Filiade, nous emporte loin de la frénésie extérieure… pour mieux nous ramener à l’essentiel.
Théâtre de l'Incongru
du 7 au 16 juillet
à 10h durée 1h
C’est un théâtre rare, de ceux qui prennent le temps. Le temps d’écouter, de ressentir, de s’émouvoir. Enfants Fantômes donne voix à ceux qu’on ne voit pas, ou qu’on ne veut plus voir : les enfants oubliés, déplacés, blessés, invisibles.
À travers cinq tableaux, la pièce tisse les récits d’êtres fragiles mais lumineux. Il ne s’agit pas de faire pleurer dans les chaumières : ici, la douleur n’est jamais gratuite, elle est transformée. Sublimée.
C’est aussi un théâtre qui fait confiance aux jeunes comédiens, et cela se sent. Ils jouent juste. Sans fard. Leur présence sur scène est bouleversante de sincérité. Ils ne surjouent pas : ils témoignent.
Agnès Delcourt signe un texte délicat. On sent, derrière chaque mot, un profond respect pour les histoires qu’elle raconte. Le personnage de Florence, journaliste en quête de sens, agit comme un miroir pour le public. Elle observe, écoute, questionne – sans jamais juger. Et dans cet espace d’attention, les voix s’élèvent, les silences aussi.
Le texte est épuré, percutant, et d’une grande justesse émotionnelle.
Pas besoin de grands artifices ici. La mise en scène mise tout sur la présence et la voix. Quelques éléments visuels, une musique discrète signée Léonard Delcourt, et surtout beaucoup de respect pour l’espace du spectateur. On respire avec les personnages. On écoute, on s’interroge. On sort de là un peu changé.
Ce qui m'a plu c'est l’équilibre entre le grave et le tendre, entre le témoignage et l’imaginaire, entre les enfants et les adultes. On ne se sent pas accablé en sortant. On se sent réveillé. Enfants Fantômes ne donne pas de leçon, il donne envie d’ouvrir les yeux. D’écouter ceux qu’on n’entend jamais. Et surtout, de croire encore à la force des récits partagés.
En sortant de L’Incongru, le silence de la salle résonnait encore en moi. Les enfants fantômes n’étaient plus invisibles. Ils étaient là, debout, vivants, lumineux. Et je les remercie.
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