21/07/2025
Théâtre contemporain
Dès les premières minutes, l’atmosphère nous enveloppe. Nous sommes en 1900, dans une maison close tenue par Léonie, femme forte et mère de substitution pour ses pensionnaires.
Arrive Louise, nouvelle recrue, un peu gauche, un peu perdue. On s’attend alors à une chronique tendre et piquante sur la vie des filles de joie.
Et puis, un accident. Brutal. Irréversible.
Théâtre des Brunes
Du 5 au 26 juillet
relâche 8, 15, 22 juillet
à 13h05 durée 1h25
Le rythme s’emballe, les destins basculent. Le théâtre se fait alors plus politique, plus poignant.
Ce n’est plus seulement une histoire de femmes, c’est une ode à leur résistance. Une mise en lumière de vies oubliées, rejetées, mais ô combien puissantes.
Une troupe en état de grâce
Difficile de détacher les yeux de la scène. Chaque comédienne (et un comédien également, dans plusieurs rôles finement dosés) semble littéralement habiter son personnage. Les dialogues sont ciselés, jamais démonstratifs, souvent drôles, parfois glaçants. La complicité entre les actrices donne une force rare aux scènes d’ensemble, certaines dignes d’un chœur antique, mêlant danse, chant et texte avec une fluidité remarquable.
La mise en scène, signée Agnès Chamak et Odile Huleux, allie la sensualité du cabaret à la rigueur du théâtre engagé. On passe d’un éclat de rire à une boule dans la gorge sans transition. Le tout est porté par une musique originale et une lumière subtile qui épouse les états d’âme de ce microcosme féminin.
Au-delà de la reconstitution historique, La Nuit du 14 parle d’aujourd’hui. Des femmes qui, hier comme aujourd’hui, n’ont pas toujours le droit d’exister librement.
Le spectacle ne tombe jamais dans le misérabilisme. Il préfère la dignité au pathos, l’émotion brute à la leçon militante.
Et c’est sans doute ce qui le rend si puissant.
On sent une urgence dans cette écriture. Une volonté de dire, de rendre justice, de raconter l’invisible.
La pièce est aussi une déclaration d’amour au théâtre lui-même : cet art fragile mais vital qui permet, en une heure vingt, de changer notre regard sur le monde.
Pascal les 2 M & Co