19/07/2025
théâtre contemporain
La Force du coquelicot est un poème scénique sur la fragilité, le courage, et la beauté qu’on peut trouver au bord du vide.
C’est un théâtre qui soigne, qui console, qui éclaire. Un théâtre qui nous parle doucement, mais nous touche profondément.
théâtre Factory teinturiers
du 5 au 26 juillet
relâche 8, 15, 22 juillet
à 17h durée 1h20
Écrite et interprétée par Lydia Cherton, cette pièce est une confidence murmurée, un poème dramatique, une traversée intérieure où la beauté naît des failles.
Dès les premiers instants, on sent que La Force du coquelicot ne cherchera pas l'effet, mais l'authenticité. Le décor est simple, minéral. Un vélo renversé. Une jeune femme à terre. Un homme qui s’approche. Il s’appelle Félix. Elle, Julie. Ils ne se connaissent pas.
Le dialogue qui s’engage entre eux oscille entre le réel et le symbolique, le visible et l’indicible. Peu à peu, les mots pansent les silences, et les fêlures deviennent langage. Le coquelicot — cette fleur qui pousse sur les terrains blessés — devient alors un magnifique motif poétique : celui de la résilience discrète, mais puissante.
Le texte de Lydia Cherton est d’une grande précision poétique, sans jamais tomber dans l’abstraction. Chaque phrase semble polie par l’émotion, comme un galet façonné par l’eau du temps. Il y a là une attention rare au rythme, au souffle, à la densité du non-dit. La langue épouse les contours de l’âme, avec douceur et pudeur.
Certaines répliques résonnent longtemps après la représentation. Comme un murmure intérieur. Comme une blessure qui cicatrise.
Sur scène, Lydia Cherton (Julie) et Julien Joerger (Félix) incarnent avec une grande sensibilité ces deux êtres suspendus au bord du vide. Les regards, les silences, les ruptures de ton sont autant d’ondes fines qui traversent le public.
On est ému sans qu’on nous y force, pris par la main sans jamais être tiré. C’est là l’élégance rare de cette pièce : elle fait confiance à notre intelligence sensible.
La mise en scène de Bruno Banon est d’une belle retenue. Elle sait se faire oublier pour mieux révéler la profondeur du texte et du jeu. Les lumières, le décor projeté discret et organique, forment un univers onirique, presque méditatif. Tout est là pour accompagner, sans envahir.
Pascal les 2 M & Co